JOURNAL L'ALSACE DU 16 JANVIER 2010
Fin du conflit chez Hymer France« Hymer AG nous a tué » : des salariés de Hymer France hier, devant la sous-préfecture de Thann. Photos Denis Sollier
Un accord conclu hier, à l’arraché, avec le patron allemand, prévoit une prime de licenciement extra-légale de 20 000 € par salarié et un sursis de deux mois avant la fermeture du site de Hymer à Cernay, le temps de fabriquer une série de 340 caravanes.
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La chambre de commerce du tribunal de Mulhouse devrait prononcer, mercredi 20 janvier, la poursuite d’activité pour deux mois supplémentaires de l’entreprise Hymer France, en redressement judiciaire depuis le 25 novembre. Le site de Cernay, qui emploie 190 salariés, devrait échapper à la liquidation car le groupe allemand basé à Bad Waldsee (Bade-Wurtemberg) a garanti une charge de travail de six semaines à huit semaines et versé aux administrateurs judiciaires la trésorerie nécessaire pour l’achat des matériels, a indiqué Antoine Dugo (CFDT), secrétaire du comité d’entreprise de Hymer France, hier en fin d’après-midi, à l’issue des négociations à la sous-préfecture de Thann qui ont duré six heures.
En échange, Hermann Pfaff, le président de Hymer AG, a accordé une enveloppe de 3,6 millions d’euros au titre de l’indemnité extra-légale. « Cela représentera 20 000 € pour les 180 salariés qui seront licenciés », a précisé Antoine Dugo. Les dix salariés du service commercial qui seront, en principe, repris par la maison mère allemande, ne bénéficieront pas de cette prime.55 jours de lutte
L’offre a été acceptée par la « grande majorité » des salariés présents devant la sous-préfecture. C’est plus du double du montant proposé initialement par le patron allemand. Les salariés avaient réclamé une indemnité de départ de 50 000 € ( L’Alsace du 14 janvier).
« On ne pouvait pas faire mieux, c’était 20 000 € ou rien », a déclaré le porte-parole des salariés. « Ce n’est pas une victoire, car on finira quand même par perdre tous nos emplois », estime Antoine Dugo.
Le patron allemand n’a pas souhaité s’exprimer devant les médias. Philippe Grasser, directeur du site de Cernay, a fait état d’un « consensus satisfaisant » et souligné « l’effort social important » consenti par le groupe, « en dépit d’un contexte économique défavorable ». Hymer AG a enregistré, en 2009, une chute de 28 % de son chiffre d’affaires et une perte de 40,2 millions d’euros. « Pratiquement tout le matériel est là pour redémarrer la production des 260 caravanes et 80 fourgons aménagés figurant au carnet de commandes », a indiqué Philippe Grasser.
Le directeur du site espère que le sursis que devrait accorder le tribunal puisse « permettre d’approfondir des pistes de reprise partielle ». Il a déploré que son plan de sauvegarde de l’emploi présenté en mars dernier n’ait pas été accepté. « Il aurait permis de sauver 120 emplois », assure-t-il.
Les salariés de Hymer France vont reprendre le travail dans des conditions difficiles après une lutte de 55 jours et avec une vision d’avenir à très court terme. Ils estiment être victimes d’une « délocalisation, sans foi ni loi ». Le groupe allemand aurait organisé un transfert de la production de sa filiale française pour alimenter l’usine du siège en surcapacité