Alors loufoque certes (nous assumons)...mais joli enfin nous c'est notre avis ! donc notre départ le 26 juillet au soir c'est fait donc avec l'attelage tel quel et nous devions être à Kiel (Allemagne) pour le 29 midi au plus tard pour l'embarquement pour Oslo, soit 1365 kms en 2 jours. afin de tenir les délais pas à tortiller, seule l'autoroute était envisageable, de chez nous direction Grenoble en passant le col du Lautaret soit environ 11o km, puis de Grenoble autoroute jusqu’à Kiel. le jeudi soir puisque nous partons après le travail nous parcourons 260 km puis dodo sur une aire de repos. le vendredi record battu, 750 km parcourus dans la journée sur les autoroutes Allemandes, avec beaucoup de circulation et beaucoup d'admirateurs pour notre attelage
content du comportement de notre attelage et du nombre de km parcourus à la vitesse de 80 / 90 maxi , nous restons confiant pour relier à temps le port de Kiel le lendemain. le samedi donc départ sous la pluie qui remplace le soleil de plomb de la veille. Après avoir passé le traditionnel bouchon D'Hambourg lors du passage du tunnel nous arrivons sans soucis à kiel en fin d'après midi. afin de reconnaître le lieu d'embarquement pour le lendemain nous passons au port dés notre arrivée, pensant aller chercher un camping ensuite, mais une fois sur place et constatant que le site est propice pour passer une nuit tranquille nous décidons de rester là au pire on nous délogera, mais cela ne fut pas le cas et tout comme les routiers Norvégiens nous avons passé la nuit sur le parking du port de Kiel en plein centre de la ville en pôle position pour l'embarquement du lendemain.
Je cède la plume à Caroline qui a tenu un carnet de voyage au jour le jour.
Sur les conseils de Joëlle et Jean-Louis , habitués des hivernales Norvégiennes et pratiquant chaque année l'itinéraire que nous devions suivre jusqu'à Kiel, nous sommes partis dès le jeudi soir. 27 heures plus tard avec une liaison de 1365 kms, le premier bilan est très positif. Nous avions testé l'attelage lors d'un précédent weekend et là, l'essai est transformé. La Puck suit sans broncher et aide grandement au freinage. "Un Ural rien ne l'arrête même pas ses freins" peut-on lire sur le forum et bien si, mieux que des freins à disque, accrochez une Puck et votre Ural freinera plus qu'honorablement, même sur des freinages d'urgences.
Avec des pointes à 90 kms/heure sur de belles portions d'autoroutes pas embouteillées, l'Ural n'a pas été ridicule dans le flot de voitures, camions et caravanes qu'Alain regardait arriver dans le 3eme rétroviseur fixé sur le side à côté du bidon d'essence.
A l'étape du soir Alain s'affaire: vérification du serrage de la roue du side, du niveau d'huile et toilettage complet de la carrosserie et des chromes. Avec tous les paparazzi qui nous mitraillent Alain met un point d'honneur à ce que notre attelage soit impeccable et il y veillera pendant tout le voyage.
Nuit calme sur le port .Nous enregistrons dès 9H30 et montons boire un thé au terminal.
La pluie s'est remise à tomber et la température a chuté. La matinée s'étire, nous mangeons un morceau à l'abri dans la Puck et attendons notre tour d'embarquer.
Le bateau est énorme. 15 étages avec des ascenseurs de verre qui montent et descendent sans relâche. Nous nous posons au 15 éme dans le Bar Panoramique où la température est tout ce qu'il y a de Norvégienne. D'ailleurs les Norvégiens sont les seuls en T shirts, les autres sont en pulls ou en gore tex comme nous. Un frais avant goût de ce qui nous attend...
La traversée s'annonce très calme, la mer est d'huile et le vent faible.
J'espérais voir l’océan sous la lune depuis le hublot de notre cabine mais le ciel bas et couvert ne semble pas prêt à coopérer. Pluie battante une partie de la nuit mais en arrivant en haute mer le temps s'est remis au beau et c'est sous un ciel bleu piqueté de nuages joufflus que nous mettons les roues sur le sol Norvégien.
L'aventure peut commencer. L'air est limpide et froid, nous traversons Oslo sans nous attarder: Cap au Nord.
Notre première étape sera Oslo-Geilo: 230kms. Nous empruntons la E18 puis la E134.puis la 40 Notre objectif est de voir quelques unes des mythiques églises en bois debout, classées au patrimoine mondial de l'Unesco.De petites merveilles datant de 1200/1300.Il n'en reste qu'une trentaine en Norvège, nous prendrons le temps d'en voir 4 et d'en visiter 2: les "stavkirke de Rollag et celle de Nore. Elles sont magnifiques et nous racontent si on sait les écouter la vie de ceux qui nous ont précédés.
La route défoncée nous fait sauter comme des cabris et entame le moral des amortisseurs de la Puck qui couinent à chaque trou et bosse. La végétation autour de nous se raréfie , lichens, mousses et petits arbustes et nous réalisons que sous ces latitudes 1000 mètres d'altitude c'est déjà largement la limite des arbres.
La station de ski de Geilo est nichée sur les pentes et les Hytter rouges et blanches aux chevelures de graminées se fondent dans le décor. la plupart des maisons de bois ont des toits végétalisés et j'aperçois un norvégien en T shirt perché sur son toit dans les derniers rayons du soleil qui ré engazonne certaines parties de sa toiture. Vision surréaliste pour moi qui commence à être frigorifiée après cette longue journée.
Nous choisissons notre emplacement, Alain qui excelle dans les manoeuvres me fait une petite marche arrière et hop, le campement est monté en 5 minutes(4 verrins). Première nuit Norvégienne frisquette!
J 2. Départ en douceur vers 9h00 pour notre 2éme étape Geilo-Bergen:260 Kms. Le ton est vite donné. A l'arrêt, la température est supportable mais dès que nous roulons , elle devient glaciale;nous avons pris de l'altitude sur une belle petite route dans un paysage de toundra (arbustes argentés, mousses douces et épaisses et lacs bordés de graminées) et il fait entre 6 °et 8°, (pas vraiment estival même pour des Haut-Alpins ) et avec la vitesse c'est franchement limite. Nous faisons un premier arrêt au bout de quelques kilomètres pour adopter une tenue plus adéquate: bottes et gants ,toujours mais aussi pantalons et blousons. Un deuxième arrêt arrivés sur les plateaux aux alentours de 1000M d'altitude pour rajouter les doublures.
Cette fois ci nous sommes parés et équipés comme chez nous ... en plein hiver! D'ailleurs la neige est toute proche et des névés s'attardent à flanc de montagne et dans les creux.
Quelle magnifique étape sur une route qui serpente tranquillement et traverse une succession de hauts plateaux, encerclés par des montagnes et au loin, le glacier du Hardanger Joculen qui nous regarde de haut et nous souffle son haleine glacée au visage.
D'innombrables lacs défilent sous nos yeux, passant du noir au bleu au gré des changements du ciel.
C'est incroyablement beau et sauvage.
Plus loin et plus bas la route 7 longe le fjord Hardanger et nous offre bien des trésors. Encore et toujours des toits de cabanes en bois hirsutes ou bien sagement coiffées de mousses et de lichens. Des petits ports blottis au fond de anses profondes aux couleurs changeantes. Entre montagnes et fjord, la nature est maîtresse partout , c'est extraordinaire.
On sent bien que les Norvégiens n'en sont que les respectueux invités. L'empreinte de l'homme y est assez légère. Une traversée en ferry depuis Brimnes nous permet de profiter d'un autre angle de vue et d'admirer les berges et les somptueuses cascades qui jaillissent et coulent de tous côtés.
Nous entamons ensuite la route des tunnels. Il y en a une bonne vingtaine à affronter. Je dis affronter car le tunnel Norvégien est comme le temps Norvégien, rude et imprévisible. Certains sont si sombres que le phare de l'Ural peine à en percer les ténèbres. Pour le pilote, c'est une épreuve car non seulement on n'y voit rien mais en plus parfois ils tournent avec de véritables virages à négocier dans une presque totale obscurité sans point de repères. Certains donnent l'impression de plonger au cœur de la terre tant
Nous en avons même emprunté un avec un rond point. Mais oui, au beau milieu du tunnel , tout à coup, vaguement éclairé un rond point avec un embranchement filant Dieu seul sait où. Le moins que l'on puisse dire c'est que cela pimente la conduite!!Et à chaque fois, l'air glacial qui nous lèche les joues, brrrr...
La fin de l'étape est magique. Après la pluie, (ah oui, j'avais oublié ce détail)le soleil est revenu et baigne le fjord d'une lumière dorée qui nous réchauffe le corps et l'âme.Lors d'un arrêt pour photographier une gigantesque cascade nous en profitons pour acheter à 2 petites Norvégiennes de délicieux wafers à la confiture de fraise et de framboise.
Un vrai régal qui nous redonne du punch et c'est sous le doux soleil de fin d'après midi que nous arrivons au Camping Lone à quelques kilomètres de Bergen. Nous nous posons au bord du lac, au milieu des tentes mais tous occupés comme ils le sont à nous photographier sous tous les angles, personne ne songe à s'en offusquer et même le patron du camping renonce à nous déloger et nous laisse profiter de cet emplacement privilégié.
La promenade du soir sera d'aller voir et photographier l'improbable attelage des Français posés au bord du lac.
à suivre...[