Mais pour l’heure avec quelques heures d’avance sur notre planning, c’est le grand départ, Alain in extremis a réalisé que toutes les routes seraient bloquées pour cause de passage du Tour de France chez nous …équipage et attelage sont fins prêts pour une aventure qui nous conduira de La Salle les Alpes dans les Hautes Alpes jusqu’au cap Nord, en traversant la France, l’Allemagne, la Finlande, la Norvège, la Suède, la Pologne, la République Tchèque, l’Autriche et l’Italie.
Nous quittons la maison dans la lumière dorée de cette fin d’après-midi. Dans le Lautaret, c’est déjà une joyeuse pagaille, camping-cars, tentes, voitures, motos, s’empilent sur le bord de la route et dans les prés vert tendre. Les bannières du Tour, les drapeaux des différentes nationalités claquent dans la brise du soir. Effarée, je regarde ces centaines de gens qui demain seront des milliers, (quelle horreur !) s’installer pour passer la nuit et attendre le tour en buvant force bière et en festoyant. Je ne suis pas attirée par les grands rassemblements, l’engouement collectif n’a pas croisé ma route mais leur enthousiasme est tel, leur plaisir est si communicatif que je prends conscience qu’ils sont aussi heureux d’être là tous ensemble pour partager cet événement que nous le sommes de quitter nos Alpes pour rejoindre la solitude du Grand Nord. La température excessivement douce engendre une euphorie palpable. Quelles que soient nos raisons, ce vendredi 18 Juillet, nous sommes tous heureux.
Alain, impassible comme toujours trace notre route tandis que je réponds aux sourires et saluts. Les réactions sont toujours les mêmes : hilarité, incrédulité ou admiration, grosso modo c’est ce que nous décodons au passage.
Nous abandonnons nos belles montagnes aux fans de la petite reine et roulons d’une traite jusqu’à Bourg en Bresse. Première halte sur une aire d’autoroute mais en forêt, ce qui nous permet d’échapper un peu à la moiteur de la nuit. Ça y est notre périple a commencé, nous pensons déjà au peuple du Soleil et du Vent, c’est le bonheur à l’état pur…
J2 Bourg en Bresse, les Vosges
8 heures du mat’, nous ouvrons un œil reposé et en moins d’une heure nous voilà repartis, direction Belfort où nous devons faire jonction avec Dan.
La journée est belle et l’autoroute assez tranquille, les kilomètres défilent.
Arrivés à Belfort vers 16 heures dans une chaleur de four, nous cherchons le camping où Dan s’est posé au bord du Doubs…, nous sommes passés à côté il y a déjà une bonne quarantaine de kilomètres ! Il n'était pas à Belfort mais à Clerval...
Trop tard, trop chaud pour faire demi-tour, nos retrouvailles sont repoussées à demain... nous décidons de continuer mais de monter en altitude pour échapper à la chaleur. La route des Crêtes nous invite à venir nous mettre au frais.
Direction le grand ballon de Guebwiller. Nous traversons toute une série de petits villages aussi fleuris qu’endormis et attaquons enfin la fameuse route, qui se fraye un chemin tranquille dans des forêts de sapins gigantesques, de feuillus touffus qui étouffent les bruits et font écran à la chaleur. Un havre de sérénité et de fraîcheur s’ouvre devant nos roues.
70 kilomètres à tutoyer les sommets avec quelques belles montées qui obligent l’Ural à sortir tout ce qu’elle a dans le ventre … il faut dire que la Puckette est bien chargée, mais Alain gère ses changements de rapports de main de maître pour toujours garder suffisamment de vitesse pour relancer l’attelage. C’est un troupeau de vaches traversant la route qui nous stoppe finalement. L’expression montagne à vaches prend tout son sens Ici la montagne est entretenue et fauchée jusqu’au sommet, ce qui pour des Haut Alpins est surprenant. Le subalpin et l’alpin marquent la disparition des arbres par chez nous et dans une certaine mesure des alpages aussi. Sur nos sommets, la roche règne en maîtresse. Ici, les moissonneuses grimpent les pentes et les andains de foins pas encore rentrés forment de belles lignes qui ondulent sur les pentes douces, et rythment la montagne. On voit que les hommes qui habitent là, qu’ils soient Vosgiens, Alsaciens ou Hauts Rhénans soignent et aiment leurs montagnes.
Nous redescendons passer la nuit près du lac Xonrupt Longemer, un peu avant Gérardmer dans le camping des Jonquilles où notre attelage est accueilli avec enthousiasme. Le camping offre 20% de remise aux old-timers ou aux attelages insolites… et le patron offre un verre... sympa et toujours bon à prendre
L’orage qui avait menacé toute la journée s’abat enfin sur nous et fait chuter la température. Après une bonne nuit, pain et croissants à l’épicerie du camping et départ vers 9hOO…