Non non Trollmann pas terminè, encore quelques épisodes du soir à suivre...
J9 : Bref, le lever à 6h30 est plutôt raide, sans avoir bu, nous avons la tête dans le sac et nous plions bagages pour prendre la route au plus vite. La journée s’annonce chaude, autant partir tôt.
le démarrage est un peu laborieux, nous avons du mal à nous y retrouver dans les indications routières et nous nous retrouvons sur l’autoroute (verte) alors que nous souhaitions prendre la nationale (bleue). Mais l’étape est longue et finalement cela nous permet d’avancer en faisant une bonne moyenne.
Suivre la direction de Saint Pétersbourg nous met en joie, cela paraît si proche et si impossible à la fois. Nous allons néanmoins tourner au poste frontière et lorsqu’ Alain s’engage dans la queue des voitures vers le passage de douane, je n’en crois pas mes yeux. Nourrie de James Bond et d’Hitchcock, mon imagination s’enflamme et je nous vois déjà troués de balles soviétiques tirées à la kalachnikov. Je descends néanmoins du side-car pour immortaliser Alain, très à l'aise attendre paisiblement de pouvoir faire un demi-tour sur place sous le portique de douane sous le regard médusé des russes qui font la queue . " pour faire voir à la bestiole (petit nom de l'Ural) le pays d'ou elle vient .... " me dit-il !!!
Ouf !! Personne ne s’est lancé à notre poursuite, mais je suis certaine que notre attelage a été photographié et qu’ils nous reconnaîtrons la prochaine fois que nous nous présenterons à la douane avec un visa en bonne et due forme…
Arrêt suivant à Lappeenranta, où nous faisons notre petit marché de fraises Suomi, incroyablement parfumées (les insipides fraises espagnoles peuvent aller se rhabiller) et de cerises énormes et juteuses avant d’aller boire un café et une bière puis de descendre vers le lac pour nous dégourdir les jambes et faire le plein de fraîcheur.
La remontée jusqu’à la moto nous fait prendre une bonne suée (il fait au moins 35°) et je renonce à remettre bottes et blouson, trop chaud ! Alain, stoïque remet tout son équipement et nous repartons, le temps de trouver un coin tranquille où pique-niquer (œufs durs, tomates, sardines et fraises). Adieu saucisses...
Le voyage se poursuit sur la 6, jolie route qui progresse au milieu des lacs et des forêts, des forêts et des lacs et encore des lacs et des forêts. Vous l’avez compris nous sommes sur la Via Karelia. Certains trouvent cela très monotone…et honnêtement c'est vrai, mais c’est aussi magnifique. Une beauté tranquille qui vous entoure, une harmonie douce qui vous nourrit, la route qui défile dans une symphonie de gris, verts et bleus, ponctuée de champs d’épilobes roses qui structurent l’espace horizontal tandis que les troncs argentés des bouleaux et roux des pins rythment l’espace vertical. Il y a quelque chose d’hypnotique à regarder défiler ce paysage et une joie tranquille à être là et à avancer avec la
Laponie en point de mire très loin encore mais dont chaque kilomètre parcouru nous rapproche.
Les panneaux « attention rennes ou élans » se multiplient et je guette fiévreusement les bas –côtés, voyant dans chaque rocher moussu, chaque arbre abattu, la forme d’un animal prêt à bondir sur la route et enfourcher le side-car. Il faut dire que semblable mésaventure nous est arrivée au Maroc lorsque 2 moutons qui paissaient tranquillement sur le bas-côté s’étaient littéralement jetés sur nous.
Alain avait freiné de toutes ses forces mais vous connaissez les Urals, le freinage ce n’est pas vraiment leur point fort (pardon, Dan, tu sais que nous ne sommes pas de ceux qui critiquent l’Ural, mais tout de même…) bref ! Nous avions chargé 2 passagers supplémentaires, l’un sur le garde boue de la moto et l’autre sur le side, j’avais vu le moment où il allait atterrir sur mes genoux avant que hop ! Un petit saut périlleux et tout le monde descend. Mais les moutons ne pesaient qu’une trentaine de kilos et le choc avait déjà été rude, alors là, avec des bestiaux de 300 kilos, imaginez mon inquiétude…
Mais nous atteignons finalement Savonlinna sans encombre et trouvons un beau camping dans une forêt... au bord d’un lac. La réception se trouve dans une magnifique maison en bois datant du XVIII ième siècle où vécut un célèbre écrivain Finlandais. Comme tous les soirs, je laisse Alain se poser un peu une fois que nous sommes installés dans une petite clairière et je file me baigner. L’eau est à 25 degrés mais elle est si sombre que je n’ose nager vers le milieu du lac. Je fais des allers retours parallèles à la berge pour faire descendre ma température interne puis reposée j'ouvre avec dextérité un nouveau lyophilisé, (côté repas, je dois reconnaître que je ne me serais pas foulée cette année...) cette fois ci c’est Truffade Auvergnate, un grand moment de la gastronomie française et vin rouge. Oui vous avez bien lu, vin blanc et rouge, nous avons fait le plein, (11 litres ) !! pour des gens qui veulent voyager léger, je comprends que cela prête à rire mais c’est l’arme secrète pour séduire les Finlandais et engager la conversation. En attendant... nous le buvons.
Il est déjà 22h00 passé mais nous reprenons la moto pour faire la visite by night de Savonlinna. L’avantage c’est qu’il fait beaucoup moins chaud, il fait encore jour bien sûr et on n’est pas embêté par le monde. Nous en profitons pour aller voir le château médiéval et ses 3 tours qui dominent le fleuve, à cette heure- ci il est tout à nous et à un détour de la route, il semble surgir du fleuve … saisissant !
Nous finissons la soirée sur le port illuminé devant un cidre et une bière. Retour vers minuit et dodo .Cerise sur le gâteau, nous nous attendions, suite à un sms d’amis ( hein Jojo ) qui s’étaient fait dévorés par les moustiques quelques jours plus tôt à devoir essuyer et repousser les attaques de hordes de moustiques et… rien du tout ! Pas le moindre mosquitos avec qui en découdre mais ne triomphons pas trop vite…ce n’est que partie remise, ils doivent nous attendre plus au Nord.